Ils pensaient rentrer se coucher. Le 11 avril, les bénévoles de la station du Marin reviennent au port, éreintés par de longues heures d’entrainement. Tout à coup, la VHF s’active et change drastiquement le programme de la soirée. « Le CROSS tentait d’obtenir la localisation d’un catamaran victime d’une voie d’eau, raconte Philippe Chabalier, le patron. La question a été posée une fois, deux fois, trois fois mais pas de réponse du bateau. »
Les bénévoles prennent immédiatement contact avec le CROSS. Bien que fatigués, ils sont en combinaison, prêts à intervenir. « Nous n’avions pas de localisation précise du navire, regrette Philippe Chabalier. Nous étions dans le canal de Sainte-Lucie en attente d’indications sur sa position. » Le CROSS ne peut que situer le navire en détresse dans une zone de 20 à 30 miles nautiques grâce à l’antenne de sa VHF. Soit le quart de la surface de l’île de la Martinique !
L’hélicoptère de la sécurité civile de Martinique Dragon 972 survole la baie du Marin pour tenter de trouver le bateau. La nuit tombante rend la situation pressante. Soudain, la VHF crépite de nouveau. « Le CROSS était en contact avec un navire qui a heurté le catamaran, raconte Philippe Chabalier. Il nous a donné sa position précise, en indiquant qu’il y avait neuf naufragés. » Ils sont au large de Sainte-Lucie, à quinze milles des côtes. La vedette SNS 256 La Sauvegarde se met en route.
Le feu de détresse du radeau clignote au loin
Trente minutes de navigation séparent les bénévoles du catamaran en train de sombrer. Pendant ce temps, Dragon 972 arrive sur zone et hélitreuille trois naufragés. Sur la SNS 256, les sauveteurs se reposent quelques instants avant d’arriver. Ils sont exténués et la nuit vient de tomber. Ils voguent dans l’obscurité. La pénombre s’efface finalement lorsque clignote au loin le feu de détresse du radeau.
Les bénévoles découvrent six naufragés profondément choqués. « Leur catamaran de 40 pieds était coulé aux trois quarts, décrit Philippe Chabalier. Leur radeau était toujours attaché à leur navire, c’est un excellent réflexe. » Les canotiers les transbordent sur la vedette pendant que les nageurs de bord inspectent la coque. L’un des flotteurs présente un trou de 40 centimètres de diamètre !
La SNS 256 et Dragon 972 rentrent au port du Marin avec les naufragés. Ils ont perdu toutes leurs affaires. « Seul un a pu sauver son téléphone, commente le patron de la station. Une fois au port, nous les avons réchauffés avec des boissons chaudes et des vêtements secs. »
Parmi les neuf naufragés, il y a un skipper professionnel. « Il m’a expliqué que son catamaran avait heurté un navire plus tôt dans la journée, raconte Philippe Chabalier. Il ne pensait pas que les dommages étaient si importants jusqu’à ce que la voie d’eau se déclare. » Heureusement, sa maîtrise de l’utilisation d’un radeau de sauvetage lui a permis de mettre tous ses passagers en sécurité.
Article rédigé par Rémy Videau